
Alors qu’il semblait être un candidat logique au « tanking », le Utah Jazz réalise un très bon début de saison. De quoi s’interroger sur les réelles ambitions des coéquipiers de Lauri Markkanen dans la Conéference Ouest.
L’arrivée d’un nouveau dirigeant en la personne de l’ambitieux Danny Ainge, le changement de coach avec le départ de Quin Snyder, remplacé par le jeune et inexpérimenté Will Hardy, les échecs répétés saison après saison ainsi que la relation de plus en plus plate entre Donovan Mitchell et Rudy Gobert : tous les signaux indiquaient une reconstruction imminente du Utah Jazz après sa sortie de route dès le premier round des playoffs en avril dernier.
Et ce fut le cas. En effet, Royce O’Neal a tout d’abord été transféré en contrepartie d’un tour de draft. Puis, les départs de Gobert et Mitchell, les deux All-Stars du groupe, ont suivi, marquant pour de bon la fin d’une époque. En l’échange, la franchise de Salt Lake City a mis la main sur 7 picks, 3 droits de swap et 8 joueurs, tous âgés de moins de 26 ans à l’exception de Patrick Beverley, qui a été envoyé aux Los Angeles Lakers dans la foulée contre Talen Horton-Tucker.
Le Jazz se dirige désormais vers un long processus pour retrouver les sommets en passant par la draft. Cela implique de tester et lancer des jeunes joueurs tout en se débarrassant des derniers vétérans de l’équipe afin de récupérer d’autres premiers tours. Tel était le plan initialement prévu…mais force est de constater qu’après plus d’un mois de compétition, Utah est deuxième à l’Ouest, juste derrière Phoenix, et encore à la lutte pour la première place. De quoi revoir sa stratégie des prochains mois ?
Une équipe trop forte pour tanker
Avec un bilan de 12 victoires en 19 matches, le Jazz est LA surprise de ce début de saison en NBA. Les coéquipiers de Lauri Markkanen ont battu plusieurs formations confirmées (Suns, Nuggets, Pelicans, Grizzlies, Clippers, Trail Blazers). Selon les statistiques, un bilan de 12 victoires après 19 matches donne à Utah 91% de chances d’accrocher les playoffs.
Ces performances s’expliquent en partie par la renaissance d’un joueur : Lauri Markkanen. Trop irrégulier à Chicago et à Cleveland, le Finlandais s’impose enfin avec les Utah Jazz comme l’intérieur moderne et dominant attendu depuis sa 7e place lors de la draft 2017. Avec 22,4 points, 8,5 rebonds, 54% aux tirs et 36% à trois-points, Markkanen réalise, pour l’heure, sa meilleure saison au sein de la grande ligue. Intérrogé au sujet de la théorie selon laquelle son organisation chercherait à perdre le plus de matches possibles afin d’être en mesure de récupérer le gros lot (hypothétique) à la draft en 2023, le Finlandais se montre beaucoup plus ambitieux : « Entendre parler de tanking, c’est clairement quelque chose qui nous nourrit. A chaque fois que l’on gagne, on déteste lire le lendemain matin que c’est une surprise. On utilise ça comme une motivation pour nous pousser à continuer comme ça et à empiler les victoires pour montrer aux gens qu’ils avaient tort.«
Même refrain chez son coéquipier Collin Sexton, qui avoue que les joueurs « ont quelque chose à prouver. » D’ailleurs, cette équipe ne peut être résumée au seul Markkanen. Will Hardy s’appuie en effet sur un jeu collectif bien huilé, reposant sur tout un lot de créateurs et d’attaquants de qualité. Ils sont six joueurs à plus de 10 points, dont 19 pour Jordan Clarkson. Si cet effectif est profond, prolifique et efficace, une question se pose : jusqu’où cet effectif peut-il aller ? Quel objectif pour le Jazz cette saison ?
…mais pas assez talentueuse pour viser les Playoffs ?
Difficile désormais de définir le véritable objectif d’une équipe des Utah Jazz, certes talentueuse, mais peut-être en surrégime depuis le début de la saison. L’effet de surprise ne va pas durer éternellement. De plus, cette escouade est attendue désormais. Ainsi, une place pour le Play-in serait déjà une belle surprise pour une franchise et des supporters qui ne s’attendaient clairement pas à vivre une saison aussi excitante.